La Loterie en Espagne c'est pas de la rigolade. Ici il ne s'agit pas d'un nom ridicule qui rime avec Toto, d'une pimbêche qui récite des numéros dans un décors vaguement futuriste et kitch. Pas du tout. Prenons l'exemple de la loterie de Noël, le plus édifiant certainement.
En allant prendre un café avec un amie le jeudi 22 décembre au matin, je me suis étonnée de ce programme rébarbatif à la télévision, qui semblait captiver la totalité des clients de notre troquet.
Explications de mon amie : la loterie de Noël est un des événements phare en Espagne, on estime que 98% des Espagnols achètent un ticket. Impressionnant et cela mérite quelques détails.
El Surtido de Navidad, donc, se prépare en avance. Chaque organisation achète des billets pour en revendre à ses membres, et quand je dis organisation cela va des associations de quartiers aux clubs de sport, bars, entreprise et boutiques (jusqu'au vendeur de churros qui a sa camionnette dans ma rue...).
Ensuite, la loterie de Noël c'est assez compliqué, et mon amie espagnole n'a pas vraiment réussi à simplifier l'affaire. Je suis donc allée faire un tour sur Wikipedia, pourquoi faire compliqué ? Je cite : "Un billet (billete) correspond à un numéro à 5 chiffres, compris entre 00000 et 84999. Chaque billet est émis physiquement en plusieurs planches (dites "séries") d'une valeur de 200 euros. Chaque planche est composée de 10 sous-billets détachables (dits décimos), portant tous le même numéro, d'une valeur de 20 euros chacun. Ce format du "dixième de billet" est le format le plus communément acheté ; il permet d'obtenir 10 % du gain annoncé pour la série lors du tirage. En outre, certaines associations, cafés, bars, clubs, etc. achètent plusieurs séries ou plusieurs "dixièmes" et les revendent sous la forme de participations, d'un montant généralement de 2 euros (permettant donc d'obtenir 1 % du gain de la série), imprimées par leurs soins."
Vous avez compris ? Moi pas vraiment mais l'important n'est pas là. L'important c'est la suite de l'article qui explique que, comme les sous-billets d'une série sont généralement achetés dans la même ville voire la même organisation, le billet gagnant récompense généralement des personnes qui se connaissent. Par exemple, en 2006, 1800 habitants de Vic (bourgade qui en compte 30 000 en tout) ont gagné chacune 300 000 €.
A mes yeux, encore un exemple du caractère collectif et solidaire de la société espagnole.
Et puis, comme j'ai pu le constater, el Gordo ("le gros", autre nom de la loterie), est un évènement à ne rater sous aucun prétexte et certaines personnes passent leur matinée devant leur télé, quand d'autres se rendent directement sur le plateau de télévision.
Enfin, pour le côté rigolo, il faut savoir que la loterie de Noël répond à tout un cérémonial, semblant sortir tout droit des années 50. Le décor du plateau télé est minimaliste, le mécanisme du tirage volontairement anachronique et, en guise de pimbêche, ceux qui annoncent les numéros gagnants sont deux enfants de l'école privée Madrilène San Ildefonso, en uniforme.
Mon volontariat en Catalogne : (sur)vivre dans un pays étranger, apprendre deux langues (castillan/catalan), rencontrer des gens, vivre de petites aventures rigolotes, confronter les modes de vie et cultures, s'amuser, visiter, s'interroger etc etc
lundi 26 décembre 2011
mardi 20 décembre 2011
Où sont passés les adolescents ?
Le week-end dernier, je suis partie en excursion à la montagne avec un groupe de 10 jeunes, participants à notre projet Km 0. Nous étions deux moniteurs pour encadrer nos petits monstres âgés de 14 à 17 ans. Et de fait, je me demande bien ce qu'il y avait à encadrer.
On m'avait parlé d'un groupe d'adolescents, j'avais compris : créatures en pleine transformation n'ayant de cesse de traîner des pieds, râler, dormir, manger et obsédées par leurs propres poussées hormonales et celles de leurs semblables. Or, que vois-je arriver sous mes yeux ébahis : de jeunes garçons et filles motivés par tout y compris marcher 3/4 d'heure pour rejoindre le refuge, faire des gâteaux, cuisiner des spaghettis, faire un jeu en pleine nuit, dehors, par - 2°, aller nourrir les oiseaux de la réserve naturelle d'à côté etc etc. Et à quoi ai-je assisté ? A des conversations passionnées sur l'importance d'avoir de bons résultats scolaires pour faire un métier intéressant et permettant de vivres dignement. C'est à n'y plus rien comprendre !
Enfin, heureusement, on a quand même eu droit à de longs fous rires inexpliqués, des couinements, des gloussements, des chuchotements et autres chouinements. De nombreuses blagues et allusions orientées en-dessous de la ceinture. Des crises de nerf car pas de réseau de portable, des dépressions nerveuses car Wi-Fi en panne. Aussi, des commentaires sur la nourriture (quoi, de la SALADE avec des spaghettis bolognaises, non mais ça va pas ?). Enfin, quelques questionnements existentiels ("tu crois que je peux envoyer un texto avec mes gants?") et des airs romantiques chantés en choeur (et en coeur) accompagnés du pauvre son d'un téléphone portable.
Ouf, les adolescents sont toujours là !
On m'avait parlé d'un groupe d'adolescents, j'avais compris : créatures en pleine transformation n'ayant de cesse de traîner des pieds, râler, dormir, manger et obsédées par leurs propres poussées hormonales et celles de leurs semblables. Or, que vois-je arriver sous mes yeux ébahis : de jeunes garçons et filles motivés par tout y compris marcher 3/4 d'heure pour rejoindre le refuge, faire des gâteaux, cuisiner des spaghettis, faire un jeu en pleine nuit, dehors, par - 2°, aller nourrir les oiseaux de la réserve naturelle d'à côté etc etc. Et à quoi ai-je assisté ? A des conversations passionnées sur l'importance d'avoir de bons résultats scolaires pour faire un métier intéressant et permettant de vivres dignement. C'est à n'y plus rien comprendre !
Enfin, heureusement, on a quand même eu droit à de longs fous rires inexpliqués, des couinements, des gloussements, des chuchotements et autres chouinements. De nombreuses blagues et allusions orientées en-dessous de la ceinture. Des crises de nerf car pas de réseau de portable, des dépressions nerveuses car Wi-Fi en panne. Aussi, des commentaires sur la nourriture (quoi, de la SALADE avec des spaghettis bolognaises, non mais ça va pas ?). Enfin, quelques questionnements existentiels ("tu crois que je peux envoyer un texto avec mes gants?") et des airs romantiques chantés en choeur (et en coeur) accompagnés du pauvre son d'un téléphone portable.
Ouf, les adolescents sont toujours là !
vendredi 16 décembre 2011
Le croissant catalan
Le croissant catalan a toujours quelque chose qui ne va pas.
Premièrement, il part mal dans la vie car il est fait à l'huile et ne contient donc pas un gramme de beurre. Bouh.
Ensuite, comme pour compenser ce complexe, il en fait des tonnes : crème, chocolat - dedans, dehors, au bout, sur les côtés, en paillettes, en morceau, liquide -, sucre glace... Trop d'artifices, aucune idée de ce qu'est la beauté au naturel.
Enfin, quand on va dans une boulangerie (hum hum) et que l'on commande un croissant (en disant : Hola, un croissant por favor) et bien cela ne marche, croissant ne se prononce pas croissant. Allez comprendre.
Premièrement, il part mal dans la vie car il est fait à l'huile et ne contient donc pas un gramme de beurre. Bouh.
Ensuite, comme pour compenser ce complexe, il en fait des tonnes : crème, chocolat - dedans, dehors, au bout, sur les côtés, en paillettes, en morceau, liquide -, sucre glace... Trop d'artifices, aucune idée de ce qu'est la beauté au naturel.
Enfin, quand on va dans une boulangerie (hum hum) et que l'on commande un croissant (en disant : Hola, un croissant por favor) et bien cela ne marche, croissant ne se prononce pas croissant. Allez comprendre.
jeudi 15 décembre 2011
Au pays magique du Consorci
J'ai eu l'honneur cette semaine de participer à une réunion du Consorci Badalona Sud. Mais qu'est-ce donc que cette chose là me direz-vous. Très simple : le Consorci est une chose administrative publique créée par la Generalitat de Catalunya (comprendre conseil régional) et la mairie de Badalona dans le but de lui refiler tous les problèmes à gérer pour cette zone de Badalona Sud, dont Sant Roc fait partie. Un sac de noeuds donc.
La réunion de ce mercredi se présentait très bien, sur le papier : réunissant, pour la troisième fois depuis septembre, tous les acteurs sociaux du territoire, elle devait recevoir la visite du Registrador General, sorte de banquier du Consorci, afin que ce dernier nous dévoile (suspens) le budget prévisionnel de 2012. Et devait s'ensuivre, en trois groupes de travail thématiques, la priorisation des différentes activités prévues sur le territoire, en fonction des besoins et des moyens. Tout cela est resté très théorique. Car dans les faits, cela s'est passé comme suit.
La réunion devait commencer à 10h30.
10h30 : environ les trois quarts des conviés à la réunion commandent un tallat (sorte de café noisette, la star incontestée ici) au café du coin de la rue
10h38 : tallat en cours de dégustation
10h42 : nous sommes cinq assis dans la salle de réunion, un des directeurs d'association commence à s'énerver et regrette, en criant très fort, le manque de ponctualité des co-réunionnaires. Je manque de lui faire remarquer qu'on est forcément d'accord avec lui vu que, nous, on est déjà dans la salle à attendre et que, par voie de conséquence, ce n'est pas très utile de nous crier dessus.
10h55 : la réunion commence, le chauffage est en panne, on gèle tous de froid. Le membre du Consorci qui ouvre la séance, vêtu de son énorme anorak nous le fait remarquer, merci.
10h56 : coup de tonnerre : le Registrador ne vient pas. Il s'en excuse bien bas, pour motif d'agenda, ça ne l'a pas fait. Stupeurs et Tremblements dans l'assemblée. L'anorak continue tant bien que mal à présenter les objectifs de la matinée mais objectivement plus personne ne l'écoute.
11h02 : bien qu'il n'aurait pas dû, notre anorak laisse la parole au public. Pas de questions mais trois interventions passionnées : un directeur de collège, une salariée d'une association d'aide aux femmes au foyer et notre ami ponctuel du début qui tous regrettent, en termes plus ou moins choisis, l'absence du Registrador et mettent en question la pertinence de cette réunion.
11h15 : pause café et croissants (à venir, un post sur les croissants catalans, c'est un vrai sujet).
S'en est suivie une heure et demie de discussion en groupe de travail (le mien : familles et jeunes) pour identifier les projets prioritaires, en leur attribuant une note de 1 à 3. Pour moi une aberration totale : comment ceux-là même qui ont impulsés ces projets et s'y sont investis corps et âmes pourraient les hiérarchiser, que se passera-t-il pour les projets notés 3, pourquoi leur donner à eux la responsabilité de condamner certaines actions ?
Enfin, comme par miracle, est arrivé le Registrador, une vingtaine de minutes avant la fin officielle de la réunion. Evidemment, il était venu les mains complètement vides : au 14 décembre personne n'a la moindre idée de ce que sera le budget 2012. Pas complètement étonnant, quand on sait que celui de 2011 n'a été voté qu'en juillet...
Bref, je passe sur les prises de becs et autres insultes en public, menaces et coups bas lors des questions posées au Registrador, j'étais trop désabusée pour les prendre en note.
En conclusion, une réunion édifiante, merci à mes collègues de m'y avoir conviée, cela vaut davantage que tous les discours. Et me conforte dans l'idée que, si elle veut continuer à mener ses projets, l'association devra se diversifier en matière de soutiens et de financements.
La réunion de ce mercredi se présentait très bien, sur le papier : réunissant, pour la troisième fois depuis septembre, tous les acteurs sociaux du territoire, elle devait recevoir la visite du Registrador General, sorte de banquier du Consorci, afin que ce dernier nous dévoile (suspens) le budget prévisionnel de 2012. Et devait s'ensuivre, en trois groupes de travail thématiques, la priorisation des différentes activités prévues sur le territoire, en fonction des besoins et des moyens. Tout cela est resté très théorique. Car dans les faits, cela s'est passé comme suit.
La réunion devait commencer à 10h30.
10h30 : environ les trois quarts des conviés à la réunion commandent un tallat (sorte de café noisette, la star incontestée ici) au café du coin de la rue
10h38 : tallat en cours de dégustation
10h42 : nous sommes cinq assis dans la salle de réunion, un des directeurs d'association commence à s'énerver et regrette, en criant très fort, le manque de ponctualité des co-réunionnaires. Je manque de lui faire remarquer qu'on est forcément d'accord avec lui vu que, nous, on est déjà dans la salle à attendre et que, par voie de conséquence, ce n'est pas très utile de nous crier dessus.
10h55 : la réunion commence, le chauffage est en panne, on gèle tous de froid. Le membre du Consorci qui ouvre la séance, vêtu de son énorme anorak nous le fait remarquer, merci.
10h56 : coup de tonnerre : le Registrador ne vient pas. Il s'en excuse bien bas, pour motif d'agenda, ça ne l'a pas fait. Stupeurs et Tremblements dans l'assemblée. L'anorak continue tant bien que mal à présenter les objectifs de la matinée mais objectivement plus personne ne l'écoute.
11h02 : bien qu'il n'aurait pas dû, notre anorak laisse la parole au public. Pas de questions mais trois interventions passionnées : un directeur de collège, une salariée d'une association d'aide aux femmes au foyer et notre ami ponctuel du début qui tous regrettent, en termes plus ou moins choisis, l'absence du Registrador et mettent en question la pertinence de cette réunion.
11h15 : pause café et croissants (à venir, un post sur les croissants catalans, c'est un vrai sujet).
S'en est suivie une heure et demie de discussion en groupe de travail (le mien : familles et jeunes) pour identifier les projets prioritaires, en leur attribuant une note de 1 à 3. Pour moi une aberration totale : comment ceux-là même qui ont impulsés ces projets et s'y sont investis corps et âmes pourraient les hiérarchiser, que se passera-t-il pour les projets notés 3, pourquoi leur donner à eux la responsabilité de condamner certaines actions ?
Enfin, comme par miracle, est arrivé le Registrador, une vingtaine de minutes avant la fin officielle de la réunion. Evidemment, il était venu les mains complètement vides : au 14 décembre personne n'a la moindre idée de ce que sera le budget 2012. Pas complètement étonnant, quand on sait que celui de 2011 n'a été voté qu'en juillet...
Bref, je passe sur les prises de becs et autres insultes en public, menaces et coups bas lors des questions posées au Registrador, j'étais trop désabusée pour les prendre en note.
En conclusion, une réunion édifiante, merci à mes collègues de m'y avoir conviée, cela vaut davantage que tous les discours. Et me conforte dans l'idée que, si elle veut continuer à mener ses projets, l'association devra se diversifier en matière de soutiens et de financements.
dimanche 11 décembre 2011
Le bar de Manu Chao
A Barcelone, dans les ruelles sombres du quartier gothique, il y a un bar qui s'appelle El Mariachi et de ce bar on dit que c'est celui de Manu Chao. Personne ne l'y a jamais vu mais cela donne un certain cachet à l'endroit. Personnellement je ne peux m'empêcher de dévisager le moindre barbu à cheveux longs, me disant que c'est très certainement l'ancien bassiste du dit Manu.
Au bar de Manu Chao on peut boire de l'hydromel fait maison, il s'appelle Hydromiel la Nubia et c'est bon. Ou du Vermouth fait maison aussi, ou de la Licor Café (spécialité galicienne d'une légèreté à discuter) ou, plus prosaïquement, une petite cervecita (pléonasme).
Chez Manu, c'est drôle d'y aller avec une copine française car elle me refait le sketch des Inconnus et je ris.
La faune du bar de Manu Chao est à l'image de ses chansons : une pincée d'altermondialisme, de la bonne humeur, un peu de mauvaise foi, une cuillerée de frime. L'Amérique latine, l'Espagne, la France mélangés. Des discussions en plein de langues différentes, surtout en espagnol (avec tous les accents possibles), français, galicien (eh oui après le Catalan on passe au Galicien), anglais. Des voyageurs, des musiciens, un peintre un peu fou qui voit des papillons partout, une serveuse qui fait peur au premier abord mais qui s'avère ultra chaleureuse quand on sait y faire. Des fûts de bière en guise de tabourets, des poésies gravées sur les murs des toilettes.
Au bar de Manu Chao on entre seul ou à deux et on ressort à quinze avec des projets de concerts, de voyages et après avoir bien rigolé. Merci Manu !
Au bar de Manu Chao on peut boire de l'hydromel fait maison, il s'appelle Hydromiel la Nubia et c'est bon. Ou du Vermouth fait maison aussi, ou de la Licor Café (spécialité galicienne d'une légèreté à discuter) ou, plus prosaïquement, une petite cervecita (pléonasme).
Chez Manu, c'est drôle d'y aller avec une copine française car elle me refait le sketch des Inconnus et je ris.
La faune du bar de Manu Chao est à l'image de ses chansons : une pincée d'altermondialisme, de la bonne humeur, un peu de mauvaise foi, une cuillerée de frime. L'Amérique latine, l'Espagne, la France mélangés. Des discussions en plein de langues différentes, surtout en espagnol (avec tous les accents possibles), français, galicien (eh oui après le Catalan on passe au Galicien), anglais. Des voyageurs, des musiciens, un peintre un peu fou qui voit des papillons partout, une serveuse qui fait peur au premier abord mais qui s'avère ultra chaleureuse quand on sait y faire. Des fûts de bière en guise de tabourets, des poésies gravées sur les murs des toilettes.
Au bar de Manu Chao on entre seul ou à deux et on ressort à quinze avec des projets de concerts, de voyages et après avoir bien rigolé. Merci Manu !
samedi 10 décembre 2011
Indignée
Ou comment vivre la, trop tendance, "crise" de l'intérieur quand on habite dans un des pays européens les plus touchés. Au-delà de son omniprésence quotidienne dans les conversations, des rues trop animées aux heures de travail, des files d'attentes interminables à la banque, des annonces pour petits boulots dans les commerces et sur les lampadaires, de la pauvreté des offres d'emplois sur les sites internet dédiés et, bien sûr, de son actualité brûlante chaque jour à la Une des journaux, la crise est devenue bien réelle pour moi, cette semaine.
Un des programme phare de l'association La Formiga, Patis Oberts - més places al barri, s'arrête. De quoi s'agissait-il ? Concrètement peu de choses : trois éducateurs qui se rendaient trois fois par semaine en divers endroits publics du quartier (places, cours d'école) avec des caisses remplies de jeux tels ballons de foot, raquettes de badminton, jeux de société... Tous les enfants pouvaient venir profiter, gratuitement, de ces jeux et jouets, à condition de rester sur place et de remettre le matériel en place, une fois l'activité terminée. Sur le papier peu de choses donc, mais dans les faits une opportunité extraordinaire pour des enfants n'ayant accès à quasiment aucune activité chez eux, une démonstration que leur quartier aussi a de belles choses à offrir, apprendre à respecter le matériel, comprendre qu'on leur fait confiance à eux également et qu'ils peuvent être responsables (fussent-ils gitans, contrairement aux idées reçues qu'eux-mêmes ont en tête), un cours de vivre ensemble....
Depuis 2007, un projet qui avait fait ses preuves, des heures de rires et de jeux, des relations sociales qui se sont nouées entre parents et enfants de toutes origines. Et tout cela prend fin la semaine prochaine, pourquoi ? Manque de financements privés d'une part et retard dans le paiement des financements publics d'autre part, aucun engagement des collectivités pour l'année à venir.
Alors, pour Noël, trois personnes perdent leur poste au sein de l'association et les enfants de Sant Roc n'auront guère d'autres choix que de retourner s'occuper dans la rue, comme ils pourront.
Indignée.
Un des programme phare de l'association La Formiga, Patis Oberts - més places al barri, s'arrête. De quoi s'agissait-il ? Concrètement peu de choses : trois éducateurs qui se rendaient trois fois par semaine en divers endroits publics du quartier (places, cours d'école) avec des caisses remplies de jeux tels ballons de foot, raquettes de badminton, jeux de société... Tous les enfants pouvaient venir profiter, gratuitement, de ces jeux et jouets, à condition de rester sur place et de remettre le matériel en place, une fois l'activité terminée. Sur le papier peu de choses donc, mais dans les faits une opportunité extraordinaire pour des enfants n'ayant accès à quasiment aucune activité chez eux, une démonstration que leur quartier aussi a de belles choses à offrir, apprendre à respecter le matériel, comprendre qu'on leur fait confiance à eux également et qu'ils peuvent être responsables (fussent-ils gitans, contrairement aux idées reçues qu'eux-mêmes ont en tête), un cours de vivre ensemble....
Depuis 2007, un projet qui avait fait ses preuves, des heures de rires et de jeux, des relations sociales qui se sont nouées entre parents et enfants de toutes origines. Et tout cela prend fin la semaine prochaine, pourquoi ? Manque de financements privés d'une part et retard dans le paiement des financements publics d'autre part, aucun engagement des collectivités pour l'année à venir.
Alors, pour Noël, trois personnes perdent leur poste au sein de l'association et les enfants de Sant Roc n'auront guère d'autres choix que de retourner s'occuper dans la rue, comme ils pourront.
Indignée.
mardi 6 décembre 2011
Promenade à Sant Roc (2)
samedi 3 décembre 2011
Parlas Català ? (chapitre 2 : mes camarades)
Bientôt la fin de mon premier trimestre de cours de Catalan, il ne reste plus que deux cours, que le temps file !
Aujourd'hui, je voulais vous présenter mes camarades de classe. Notre groupe est composé d'une vingtaines de personnes, autant d'hommes que de femmes, de 22 à 56 ans. Les origines géographiques sont variées : Chili, Equateur, Brésil, Uruguay, Pérou, Pakistan, Maroc, Sénégal, Ukraine, France et autres régions de l'Espagne (Andalousie, Galice). Certains sont arrivés il y a moins d'un an, d'autres sont là depuis 15 ans, tous veulent apprendre le catalan pour raisons professionnelles. Il y a matière à faire un film : tant de parcours de vie, de personnalités, d'origines diverses. L'ambiance est très bonne, on rigole, la prof - Montse - est pour beaucoup dans l'animation du groupe et nous donne envie de progresser, elle nous fait beaucoup pratiquer.
Une anecdote me vient à l'esprit chaque fois que je pense à ce cours. A l'occasion d'un travail sur les conjugaisons, chacun a dû se présenter, expliquer ce qu'il fait dans la vie. Moment sensible où j'ai aperçu ce qui se cache derrière cette immigration dont on parle tant : des personnes quittant leur pays, leur famille, leurs amis et tout ce qui définissait leur vie depuis toujours, pour aller chercher une vie meilleure, du moins économiquement, dans un pays soi-disant riche. Quand on sait la situation actuelle de l'Espagne, cela fait réfléchir. Ces personnes qui étaient institutrice, avocate, médecin, graphiste dans leur pays, sont aujourd'hui femme de ménage, serveuse, vigile en Espagne. En réponse à la question de la professeur, nombres d'élèves ont en effet élaboré deux phrases : ce qu'ils font actuellement et leur véritable métier, qu'ils espèrent retrouver un jour, un fois qu'ils auront démêlé le noeud des équivalences de diplômes, et que leur pays d'accueil ira un peu mieux.
A partir de janvier, je suivrai les cours du niveau Basic 3, j'ai fait la demande de sauter un niveau et ai passé un test, qui a été validé. Je ne verrai donc plus Pablo, Mamadou, Maria, Natalia, Carlos et les autres, mais je me souviendrai longtemps d'eux, de leur histoire personnelle que j'ai devinée au travers de quelques questions posées en catalan.
Aujourd'hui, je voulais vous présenter mes camarades de classe. Notre groupe est composé d'une vingtaines de personnes, autant d'hommes que de femmes, de 22 à 56 ans. Les origines géographiques sont variées : Chili, Equateur, Brésil, Uruguay, Pérou, Pakistan, Maroc, Sénégal, Ukraine, France et autres régions de l'Espagne (Andalousie, Galice). Certains sont arrivés il y a moins d'un an, d'autres sont là depuis 15 ans, tous veulent apprendre le catalan pour raisons professionnelles. Il y a matière à faire un film : tant de parcours de vie, de personnalités, d'origines diverses. L'ambiance est très bonne, on rigole, la prof - Montse - est pour beaucoup dans l'animation du groupe et nous donne envie de progresser, elle nous fait beaucoup pratiquer.
Une anecdote me vient à l'esprit chaque fois que je pense à ce cours. A l'occasion d'un travail sur les conjugaisons, chacun a dû se présenter, expliquer ce qu'il fait dans la vie. Moment sensible où j'ai aperçu ce qui se cache derrière cette immigration dont on parle tant : des personnes quittant leur pays, leur famille, leurs amis et tout ce qui définissait leur vie depuis toujours, pour aller chercher une vie meilleure, du moins économiquement, dans un pays soi-disant riche. Quand on sait la situation actuelle de l'Espagne, cela fait réfléchir. Ces personnes qui étaient institutrice, avocate, médecin, graphiste dans leur pays, sont aujourd'hui femme de ménage, serveuse, vigile en Espagne. En réponse à la question de la professeur, nombres d'élèves ont en effet élaboré deux phrases : ce qu'ils font actuellement et leur véritable métier, qu'ils espèrent retrouver un jour, un fois qu'ils auront démêlé le noeud des équivalences de diplômes, et que leur pays d'accueil ira un peu mieux.
A partir de janvier, je suivrai les cours du niveau Basic 3, j'ai fait la demande de sauter un niveau et ai passé un test, qui a été validé. Je ne verrai donc plus Pablo, Mamadou, Maria, Natalia, Carlos et les autres, mais je me souviendrai longtemps d'eux, de leur histoire personnelle que j'ai devinée au travers de quelques questions posées en catalan.
mercredi 30 novembre 2011
A la Caixa
La Caixa, c'est ma banque. Ici, j'ai l'impression que tout le monde paie en espèce et a plus ou moins des problèmes d'argent car il y a toujours une file d'attente pas possible que ce soit pour les distributeurs ou pour le guichet et on sent très nettement une tension dans l'air. Ce qui a donné lieu à de petits moments insolites.
Premièrement, il faut savoir qu'ici la star du distributeur ce n'est pas la carte bleue mais la libreta : un petit livret que l'on insère directement dans le distributeur, celui-ci copiant consciencieusement les opérations effectuées depuis notre dernier passage ainsi que le solde du compte. Grande révélation quand on entend la machine imprimer toutes ces lignes (j'ai tant dépensé cette semaine?) et petit suspens au moment de retirer la libreta. Pour cause de libreta, le distributeur espagnol est bien plus impressionnant que son compère français:
Ensuite, quand on arrive à la Caixa, pour être accepté dans la file d'attente, il faut suivre un protocole précis. Il ne suffit pas, comme en France, de deviner qui est le dernier de la queue, de se mettre sagement derrière lui et d'attendre son tour, en fusillant du regard celui qui oserait tenter de nous doubler. Ici c'est plus compliqué mais, quand on y pense, aussi beaucoup plus civilisé. Quand on arrive, il faut demander "Quién es el último?" soit "Qui est le dernier?", ainsi on sait à la fois où se placer dans la file, mais aussi après qui on doit passer. Si on est vraiment très poli, on peut amorcer la procédure par un "Hola!". Et le plus impressionnant est que tout le monde, sans exception, suit le protocole !
La première fois, n'ayant pas été mise au courant auparavant, cela m'a valu une gentille réprimande d'une petite mamie : j'arrive, me mets dans la queue sans rien dire, entre la petite mamie en question, tout de suite après moi, et elle me fait remarquer que je n'ai pas demandé qui était le dernier ! On ne m'y reprendra pas à deux fois !
Enfin, variante du protocole, il y a des gens qui se refusent d'attendre à l'intérieur de la banque, et qui attendent devant. A toi donc, de repérer si ces trois personnes sur le trottoir discutent uniquement (car de toutes façons, oui elles discutent), attendent le bus, ou font la queue pour la banque ! Cela m'est arrivé la semaine dernière et, quand je leur ai demandé, un peu étonnée, pourquoi ils n'attendaient pas à l'intérieur, je me suis entendue répondre que cela ne se fait pas trop.
C'est tout un monde la Caixa. Pour finir, une publicité vue dans la rue, non pas de la Caixa mais d'une autre banque, le modèle du retraité allemand (Prends ta retraite comme les Allemands).
Premièrement, il faut savoir qu'ici la star du distributeur ce n'est pas la carte bleue mais la libreta : un petit livret que l'on insère directement dans le distributeur, celui-ci copiant consciencieusement les opérations effectuées depuis notre dernier passage ainsi que le solde du compte. Grande révélation quand on entend la machine imprimer toutes ces lignes (j'ai tant dépensé cette semaine?) et petit suspens au moment de retirer la libreta. Pour cause de libreta, le distributeur espagnol est bien plus impressionnant que son compère français:
Ensuite, quand on arrive à la Caixa, pour être accepté dans la file d'attente, il faut suivre un protocole précis. Il ne suffit pas, comme en France, de deviner qui est le dernier de la queue, de se mettre sagement derrière lui et d'attendre son tour, en fusillant du regard celui qui oserait tenter de nous doubler. Ici c'est plus compliqué mais, quand on y pense, aussi beaucoup plus civilisé. Quand on arrive, il faut demander "Quién es el último?" soit "Qui est le dernier?", ainsi on sait à la fois où se placer dans la file, mais aussi après qui on doit passer. Si on est vraiment très poli, on peut amorcer la procédure par un "Hola!". Et le plus impressionnant est que tout le monde, sans exception, suit le protocole !
La première fois, n'ayant pas été mise au courant auparavant, cela m'a valu une gentille réprimande d'une petite mamie : j'arrive, me mets dans la queue sans rien dire, entre la petite mamie en question, tout de suite après moi, et elle me fait remarquer que je n'ai pas demandé qui était le dernier ! On ne m'y reprendra pas à deux fois !
Enfin, variante du protocole, il y a des gens qui se refusent d'attendre à l'intérieur de la banque, et qui attendent devant. A toi donc, de repérer si ces trois personnes sur le trottoir discutent uniquement (car de toutes façons, oui elles discutent), attendent le bus, ou font la queue pour la banque ! Cela m'est arrivé la semaine dernière et, quand je leur ai demandé, un peu étonnée, pourquoi ils n'attendaient pas à l'intérieur, je me suis entendue répondre que cela ne se fait pas trop.
C'est tout un monde la Caixa. Pour finir, une publicité vue dans la rue, non pas de la Caixa mais d'une autre banque, le modèle du retraité allemand (Prends ta retraite comme les Allemands).
lundi 28 novembre 2011
Un dimanche riche en émotions : Les Castellers
Dimanche 27 novembre, de bon matin, je me suis mise en route avec quelques amies (une Polonaise, une Slovaque et une Italienne, vive l'Europe) pour Terrassa, charmante bourgade située une trentaine de kilomètres de Barcelone, vers les montagnes. Pourquoi donc, me direz-vous, s'embêter à prendre un train à 10h du matin un dimanche ? Eh bien, pour aller voir des castellers !
Qu'est-ce que le castell ? Une tour humaine. Une tradition catalane datant du 18ème siècle. Une activité encore très ancrée dans la société actuelle, un rendez-vous social. Une pratique inscrite au Patrimoine culturel immatériel universel de l'Unesco depuis 2010. Un spectacle époustouflant. Une démonstration de coopération, de travail en équipe, de solidarité, d'abnégation, de bravoure, de concentration, de force physique et mentale.
Hier, les castellers (groupe pratiquant le castell donc) de Terrassa ont tenté de reproduire l'exploit de 1998, où ils avaient été les premiers à réaliser une tour de 10 étages. Et ils n'y sont pas parvenus, ce qui signifie que la tour s'est écroulée, deux fois et ça c'est plutôt impressionnant à voir.
Pendant trois heures, nous avons eu le droit à une douzaine de démonstrations de trois groupes de Castellers (deux de Barcelone et celui de Terrassa) qui ont tenté, et souvent réussi, différents types de tours. Beaucoup d'émotions, de tension, de joie quand la tour est achevée, de peur quand elle s'écroule. Un spectacle fascinant, vivement le prochain !
Quelques photos.
La préparation : chaque casteller s'enroule dans une écharpe qui permettra à ses coéquipiers de lui grimper dessus.
La montée, les castellers sont bien sûr répartis en fonction de leur taille et de leur poids. Ce qui signifie que celui qui grimpe jusqu'au sommet est un tout jeune enfant, une petite fille dans la majorité des cas.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjZXWGiiu9-_sUIrbRfyhsPe-en3IXNUsk7muCKdTw6Flx-0ifLr9ID_lZgMOUpGddso3TpgDk2CL9mZZKfXKnjX74SOjvlp2BjvhO4bC4Gqx4-i8XC63IyZxn1udmtgdriEIPJNTxm8E/s320/2+Mont%25C3%25A9e+%25285%2529.JPG)
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivas8mn7Re7S8Vr-dVDtWPYwsXumSPu_cMnrfaf2duCXDKfGbhp99QHJHtwpAFQS_bp-ZqFyFrAsq1vzmV3EEjhGphxn6GAQKCBKsjgXs5fB6Ocwd0osAYHeUfoKOcA4k1Qpnjiys4qoc/s320/2+Mont%25C3%25A9e+%25289%2529.JPG)
Quand il arrive au sommet, l'enfant passe par dessus son coéquipier, lève un bras et entame la descente. Chacun descend à son tour.
Qu'est-ce que le castell ? Une tour humaine. Une tradition catalane datant du 18ème siècle. Une activité encore très ancrée dans la société actuelle, un rendez-vous social. Une pratique inscrite au Patrimoine culturel immatériel universel de l'Unesco depuis 2010. Un spectacle époustouflant. Une démonstration de coopération, de travail en équipe, de solidarité, d'abnégation, de bravoure, de concentration, de force physique et mentale.
Hier, les castellers (groupe pratiquant le castell donc) de Terrassa ont tenté de reproduire l'exploit de 1998, où ils avaient été les premiers à réaliser une tour de 10 étages. Et ils n'y sont pas parvenus, ce qui signifie que la tour s'est écroulée, deux fois et ça c'est plutôt impressionnant à voir.
Pendant trois heures, nous avons eu le droit à une douzaine de démonstrations de trois groupes de Castellers (deux de Barcelone et celui de Terrassa) qui ont tenté, et souvent réussi, différents types de tours. Beaucoup d'émotions, de tension, de joie quand la tour est achevée, de peur quand elle s'écroule. Un spectacle fascinant, vivement le prochain !
Quelques photos.
La préparation : chaque casteller s'enroule dans une écharpe qui permettra à ses coéquipiers de lui grimper dessus.
La montée, les castellers sont bien sûr répartis en fonction de leur taille et de leur poids. Ce qui signifie que celui qui grimpe jusqu'au sommet est un tout jeune enfant, une petite fille dans la majorité des cas.
Quelques exemples de réalisation.
Quand il arrive au sommet, l'enfant passe par dessus son coéquipier, lève un bras et entame la descente. Chacun descend à son tour.
Un exemple de tour très impressionnant, une personne par étage, ce qui demande une force physique incroyable. Ce que l'on ne voit pas sur les photos c'est à quel point la tour tangue, du fait des tremblements de chacun.
Et enfin, en cas de réussite, la descente et la joie.
Pour finir, la devise des Castellers : "Fuerza, Equilibrio, Valor y Cordura" / "Force, Equilibre, Courage et Raison".
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